Depuis la fin août, nous constatons que les pailles en papier, en bambou ou encore en plastique sont pointées du doigt et désignées comme des alternatives peu favorables ! Cependant, arrêtons immédiatement un malentendu : les pailles en plastique jetables sont interdites (sauf usage médical) car outre la potentielle présence de PFAS, elles ont définitivement un impact bien trop négatif et polluant. Ne revenons pas en arrière, elles sont bien pires étant donné leur composition de tout ou partie de produits pétrochimiques !

Mais alors, comment pouvons-nous déterminer si les alternatives en papier, bambou ou encore verre sont réellement sans conséquences néfastes pour la santé humaine et l’environnement ? En qualité d’experts, nous prenons la parole pour démystifier ces controverses et fournir des réponses éclairées, afin de tenter de vous guider au mieux dans votre réflexion.

Quels sont les PFAS et pourquoi suscitent-ils un tel scandale ?

Tout d’abord, expliquons ce terme “PFAS” : les substances per et polyfluoroalkylées, abrégées “PFAS”, sont des sortes de produits chimiques (très complexes). On les utilise souvent comme imperméabilisant pour leurs propriétés résistantes à l’eau et aux graisses. Par exemple, ils sont dans certains emballages de fast-food pour éviter que la graisse ne les traverse. Ces substances PFAS concernent tous les domaines et milieux (sols, eaux, souterrains) car ce sont des substances chimiques utilisées dans la production de multiples produits (textiles, cosmétiques, emballages alimentaires, électroniques, ameublement, revêtement de poêles et ustensiles de cuisine, etc).

Et certaines PFAS aussi appelées “polluants éternels” peuvent rester dans l’environnement pendant longtemps et il y a des inquiétudes au sujet de leur impact sur la santé et la nature. Ainsi, le scandale autour des PFAS est dû à leur persistance dans l’environnement, à leur accumulation dans les organismes, à leurs effets néfastes sur la santé humaine (comme certaines maladies) et à leur présence dans l’eau potable. Ils peuvent aussi contaminer les sols, les eaux souterraines et même l’air. Les montées de la sensibilisation publique ont amplifié les inquiétudes quant à leur utilisation. 

L’étude belge favorise-t-elle le retour des pailles en plastique ?

Une étude récente a été publiée par le journal “Food Additives and Contaminants“, mettant en lumière la présence de substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) dans différentes pailles. L’étude porte sur 39 marques de pailles faites de différents matériaux comme le papier, le bambou, le plastique ou l’acier inoxydable. Bien que ces substances ne se trouvent qu’en petite quantité, elles sont présentent dans plus de 90% des pailles en papier testées. Mais nous souhaitons apporter notre avis sur cette dernière.

• L’étude semble avoir été faite sur 20 pailles en papier (seulement), sans connaissance des couleurs (couleur or et argenté souvent plus propice au revêtement plastifié) ni du lieu exact de production. Ces pailles peuvent avoir été produites dans seulement quelques usines distinctes (parmi de nombreuses dans le monde), et donc malheureusement non représentatives de la réalité ! De plus, seulement 5 sont indiquées comme provenant de l’Europe, ce qui est trop peu pour se permettre de faire une statistique. Mais sont-elles produites en Europe ou emballées ? Sont-elles en Union Européenne ?…
• De plus, nous trouvons qu’il aurait été pertinent de poursuivre la recherche et d’explorer jusqu’à quel point les PFAS présents dans ces pailles pourraient se transférer dans les boissons que nous consommons et donc impliquer un potentiel risque pour le consommateur.
• Il existe des pailles en papier qui sont conformes et exemptes de PFAS. Les principaux fabricants de pailles en papier en Europe, ainsi que leurs fournisseurs, ont entrepris des mesures rigoureuses pour garantir que leurs produits et matières utilisés respectent les normes et les exigences les plus strictes de l’Union européenne. En France, la Fiche MDCA n°4 de la DGCCRF encadre l’aptitude au contact alimentaire des matériaux organiques à base de fibres végétales, avec une vérification effectuée par un laboratoire indépendant.
• Nous trouvons vraiment regrettable de lancer un scandale autour de l’alternative en papier alors qu’il circule encore des pailles à usage jetable composées de plastique (ou polymère biosourcé type PLA, PBS, PHA…) en France et en Europe, pourtant interdites en Union Européenne depuis 2021. Les plastiques peuvent parfois être mélangés et transformés avec des fibres telles que de la cellulose, bagasse, canne à sucre, bambou… pourtant toujours en plastique.
  
• Il existerait des milliers de PFAS et ils concernent tous les domaines et milieux (sols, eaux, souterrains) car ce sont des substances utilisées dans la production de multiples produits. Les régulateurs et les chercheurs étudient continuellement les effets des différents types de PFAS pour mieux comprendre leurs impacts spécifiques, notamment dans la durée. Il est important de noter que la réglementation peut varier en fonction du type spécifique de substances perfluorées (PFAS) et de son utilisation. Certaines PFAS peuvent encore être utilisées dans certains produits, bien que des mesures strictes soient mises en place pour minimiser les risques pour la santé humaine.

Alors, pourquoi susciter un tel scandale sur un produit alternatif au plastique qui respecte la conformité au contact alimentaire ? Sachant qu’il existe bel et bien des pailles en papier faites sans PFAS et conformes à la législation et sans plastique !

Des pailles en papier ou bambou sans PFAS, c’est possible ?

Notre équipe Lespailles.com a fait le choix de produire les pailles en papier en Union Européenne. Nous sélectionnons les papiers et matériaux auprès de partenaires fiables. Le papier utilisé est lui aussi fabriqué en Europe sans l’utilisation de PFAS et détient la certification FSC, garantissant sa provenance responsable. Notre processus de production, entièrement localisé en Europe, vise à rapprocher au maximum le produit de ses clients, tout en respectant rigoureusement les normes en vigueur.

Concernant la présence de PFAS dans les pailles en bambou, cela pourrait s’expliquer par l’utilisation de produits imperméabilisants. Par exemple, certaines pailles en bambou sur le marché peuvent être brillantes, souvent fabriquées en Chine, et pourraient contenir des agents imperméabilisants ou des vernis contenant des produits chimiques. C’est pourquoi la décomposition de ces pailles “brillantes” pourrait prendre plus de temps, et impacter l’environnement et la santé en raison de la présence de ces produits chimiques parfois inutiles.

Et bien que l’acier inoxydable et le verre soient présentés comme des solutions réutilisables et alternatives sans PFAS, mais il existe de nombreuses autres alternatives jetables conformes que l’étude n’a pas abordé, comme les pailles en pâte, pailles en riz, ou encore les Forest Straws.

_____

Cette alerte et l’étude Belge demeurent néanmoins pertinentes pour mettre en lumière la complexité du choix des matériaux des accessoires et emballages utilisés dans la restauration. Cette complexité va bien au-delà des simples termes parfois trop confus tels que “sans plastique”, “fibres bio” ou encore “biodégradable”. Il est donc essentiel de s’entourer d’experts avisés lors de la sélection de ses emballages afin de prendre des décisions éclairées.

Nous estimons aussi que les pouvoirs publics doivent jouer un rôle actif en garantissant que les produits non conformes ne soient ni autorisés sur le marché et, retirés immédiatement dès leur identification.